Pourquoi on pense (à tort) qu’après 70 ans, il est trop tard pour transmettre
Une idée reçue bien ancrée…
Si vous tapez « donation après 70 ans » sur Google, vous tomberez rapidement sur des avertissements du style : « les avantages fiscaux disparaissent », « il est trop tard », ou encore « les abattements sont perdus ». Pas étonnant que beaucoup baissent les bras avant même d’avoir vraiment creusé le sujet.
Cette idée reçue vient en grande partie d’une confusion autour de l’assurance-vie. En effet, l’abattement de 152 500 € par bénéficiaire ne s’applique que si les versements ont été effectués avant les 70 ans du souscripteur. Passé cet âge, l’abattement chute à 30 500 €, partagé entre tous les bénéficiaires. Voilà qui a nourri le mythe que « tout avantage fiscal s’arrête après 70 ans ».
Et pourtant, cette règle ne concerne qu’un seul outil patrimonial : l’assurance-vie. Le reste des dispositifs reste bel et bien actif, parfois même stratégiquement intéressant.
Ce que la loi dit vraiment
Contrairement à ce que certains croient, les abattements classiques en ligne directe (enfants, petits-enfants) restent valables après 70 ans. En clair :
- Vous pouvez toujours donner jusqu’à 100 000 € par enfant tous les 15 ans sans payer de droits de donation.
- Les dons d’argent exonérés (les fameux « dons Sarkozy ») restent possibles jusqu’à vos 80 ans.
- Et vous pouvez toujours recourir au démembrement de propriété, même passé 70 ans.
En revanche, un détail à ne pas négliger : le « rappel fiscal ». Toute donation réalisée moins de 15 ans avant votre décès est réintégrée dans la succession pour recalculer les droits à payer. C’est ce point précis qui peut rendre certaines donations peu efficaces si la personne décède peu de temps après l’avoir réalisée.
Mais soyons clairs : ce n’est pas une interdiction de donner après 70 ans. C’est juste une invitation à réfléchir autrement, à adapter ses stratégies, à optimiser autrement. Et c’est ce qu’on va voir dans la suite.
Les 3 grands leviers encore disponibles après 70 ans
1. La donation en démembrement : toujours un joker fiscal
Si vous ne deviez retenir qu’un seul outil après 70 ans, ce serait probablement celui-là. Le démembrement de propriété permet de donner intelligemment, tout en gardant le contrôle sur le bien transmis.
Le principe est simple : vous transmettez la nue-propriété d’un bien (souvent immobilier), tout en conservant l’usufruit. Concrètement, cela veut dire que vous pouvez continuer à habiter dans le logement, ou à percevoir les loyers s’il est loué.
Au moment de votre décès, l’usufruit disparaît automatiquement, sans droits de succession supplémentaires. Votre donataire, souvent votre enfant, devient alors plein propriétaire du bien, en franchise totale de droits. 🎯
Pourquoi c’est fiscalement avantageux même après 70 ans ?
Parce que les droits de donation ne sont calculés que sur la valeur de la nue-propriété, qui est elle-même déterminée en fonction de votre âge. Plus vous êtes âgé, plus la valeur de la nue-propriété est élevée, donc l’avantage fiscal diminue… mais ne disparaît pas.
Voici quelques repères utiles (barème fiscal officiel) :
- À 71-80 ans → la nue-propriété vaut 70 % de la pleine propriété
- À 81-90 ans → elle vaut 80 %
- À partir de 91 ans → elle grimpe à 90 %
Donc oui, plus vous attendez, plus l’assiette taxable augmente. Mais même à 75 ans, vous pouvez optimiser vos abattements et éviter que vos héritiers ne paient des droits plein pot.
Exemple concret :
Imaginons que vous avez 74 ans et que vous donnez la nue-propriété d’un bien immobilier d’une valeur de 200 000 € à votre fille. Fiscalement, la base taxable sera de 70 % de 200 000 €, soit 140 000 €.
Or, vous bénéficiez d’un abattement de 100 000 € en ligne directe. Résultat : votre fille ne paiera des droits de donation que sur 40 000 €. Et à votre décès, elle récupérera la pleine propriété sans rien verser de plus au fisc.
Et vous, vous continuez à vivre dans ce logement ou à percevoir les loyers. C’est ce que j’appelle une donation maligne.
Ce qu’il faut surveiller :
- Le rappel fiscal si vous décédez dans les 15 ans après la donation
- Les frais de notaire, qui dépendent de la valeur du bien transmis
- Les impacts sur l’égalité entre héritiers, si vous ne donnez pas à tous les enfants
Mais bien employé, le démembrement reste l’un des outils les plus puissants pour transmettre sans se démunir. Et après 70 ans, c’est souvent celui qui fait toute la différence.
2. L’assurance-vie post-70 ans : une stratégie à affiner
On entend souvent que l’assurance-vie n’a plus d’intérêt après 70 ans. Et pourtant… c’est un peu comme dire qu’on ne peut plus profiter d’un bon vin une fois la bouteille ouverte : ça dépend de ce qu’on en fait.
Oui, c’est vrai, le fameux abattement de 152 500 € par bénéficiaire disparaît pour les versements effectués après 70 ans. Il est remplacé par un abattement unique de 30 500 €, partagé entre tous les bénéficiaires (quel que soit leur lien de parenté). Sur le papier, c’est moins séduisant.
Mais ce qu’on oublie souvent de dire, c’est que les intérêts générés après 70 ans sont exonérés de droits de succession, et ça, c’est une perle fiscale.
Un placement qui continue à faire pousser le capital
Imaginons que vous versiez 30 500 € sur une assurance-vie à 73 ans, et que vous investissiez cet argent sur des supports dynamiques (par exemple des fonds actions bien choisis). Disons que 12 ans plus tard, votre contrat vaut 45 000 €. À votre décès, seuls les 30 500 € seront pris en compte pour le calcul des droits de succession. Les 14 500 € de gains sont totalement exonérés. 🎉
Cela signifie que l’assurance-vie post-70 ans peut être un outil de capitalisation intelligente à long terme. D’autant plus que vous bénéficiez toujours :
- De la fiscalité douce sur les retraits (après 8 ans)
- De la souplesse des versements et rachats libres
- Et d’un cadre de transmission hors succession, avec clause bénéficiaire
Un conseil stratégique : ouvrir un nouveau contrat
Pour bien séparer vos anciens et nouveaux versements, ouvrez un second contrat dédié à vos apports après 70 ans. Cela vous permettra de mieux maîtriser la fiscalité au moment du décès et d’éviter toute confusion dans le calcul des abattements.
Faut-il investir en fonds dynamiques à 70 ans ?
La question mérite d’être posée. Tout dépend de votre horizon de vie et de votre situation financière. Mais si vous avez un patrimoine stable, peu de besoins de liquidité à court terme, et que vous souhaitez transmettre efficacement en valorisant le capital, alors oui, une dose mesurée d’unités de compte peut être pertinente.
Gardons à l’esprit que plus-value = exonération. Et ça, même le fisc ne peut pas le nier.
3. Les dons d’argent exonérés jusqu’à 80 ans : le bonus ignoré
Celui-là, peu de gens le connaissent. Pourtant, il peut vous permettre de transmettre jusqu’à 31 865 € par bénéficiaire, sans aucun droit à payer. Et ce, en plus des abattements habituels.
Ce mécanisme fiscal s’appelle le don familial de somme d’argent, aussi appelé parfois « don Sarkozy » (même si le nom n’a pas vieilli aussi bien que la mesure).
Comment ça fonctionne ?
Vous avez moins de 80 ans ? Vos enfants, petits-enfants ou neveux/nièces (majeurs) peuvent recevoir jusqu’à 31 865 € chacun, en franchise totale d’impôt. Et ce don peut se faire par chèque, virement, espèces (oui, oui), ou même mandat postal.
Conditions :
- Vous devez avoir moins de 80 ans au moment du don
- Le bénéficiaire doit être majeur ou émancipé
- Le don doit être déclaré à l’administration fiscale (formulaire 2735)
Ce don est cumulable avec les abattements classiques (par exemple les 100 000 € en ligne directe). Et il est renouvelable tous les 15 ans. Autrement dit, si vous avez plusieurs enfants ou petits-enfants, les montants transmis peuvent vite grimper, sans que le fisc n’y trouve rien à redire.
Un exemple simple mais efficace :
Jacqueline, 79 ans, a deux petits-enfants majeurs. Elle peut leur donner 31 865 € chacun, soit 63 730 € au total, exonérés. Et si elle veut aller plus loin, elle peut aussi leur faire une donation classique (avec l’abattement spécifique de 31 865 € pour les petits-enfants). Résultat : elle leur transmet près de 130 000 € sans droits, tout en restant chez elle, tranquillement.
Ce qu’il faut retenir :
- Ce dispositif s’éteint à vos 80 ans. Il faut donc agir à temps.
- Il ne concerne que les dons d’argent (pas les biens immobiliers ou titres).
- Il est parfait pour aider un proche à acheter un bien, créer une entreprise, ou financer ses études.
Franchement, si vous avez la capacité de donner, ce serait dommage de ne pas en profiter. Surtout que ce coup de pouce peut vraiment faire la différence pour vos proches (et vous éviter de voir votre épargne dormir inutilement).
Et si vous alliez plus loin ? Ces outils que peu de Français utilisent
Le contrat de capitalisation : le « cousin caché » de l’assurance vie
On ne va pas se mentir, ce produit n’est pas le plus sexy du marché. Pourtant, quand on s’intéresse à la transmission après 70 ans, il mérite toute votre attention. Le contrat de capitalisation, c’est un peu le frère discret de l’assurance-vie. Il fonctionne presque pareil, mais avec une différence de taille : il peut être transmis du vivant du souscripteur.
Concrètement, c’est quoi ?
Comme une assurance-vie, c’est une enveloppe d’investissement : vous y placez de l’argent, vous choisissez les supports (fonds en euros, unités de compte…), et vous bénéficiez d’une fiscalité attractive sur les gains après 8 ans.
Mais à la différence de l’assurance-vie, ce contrat n’est pas automatiquement dénoué au décès. Il peut être transmis de votre vivant, en pleine ou nue-propriété. Et ça change tout en matière de stratégie patrimoniale.
Ce que ça permet :
- Donner la nue-propriété du contrat à vos enfants, tout en gardant l’usufruit (donc la possibilité d’utiliser les gains… voire même de piocher dedans)
- Bénéficier de l’abattement classique de 100 000 € sur la donation en ligne directe
- Conserver l’antériorité fiscale du contrat transmis (super avantage pour les enfants qui récupèrent le contrat déjà ancien)
Autrement dit, c’est une solution parfaite pour transmettre sans se dépouiller. Vous gardez la main, vous transmettez la valeur… et vous économisez potentiellement beaucoup de droits.
Un exemple ? Allons-y :
Paul, 76 ans, a 200 000 € placés sur un contrat de capitalisation. Il donne la nue-propriété à son fils, tout en conservant l’usufruit. À son décès, le contrat revient en pleine propriété à son fils, sans aucun droit de succession supplémentaire.
Et mieux encore, si la valeur de la nue-propriété est estimée à 140 000 €, l’abattement de 100 000 € s’applique… donc le fils ne paie des droits que sur 40 000 €. Malin, non ?
Quelques limites à garder en tête :
- Ce contrat est moins connu et donc mal conseillé par certains établissements bancaires
- Il ne bénéficie pas de l’abattement assurance-vie de 152 500 €, même avant 70 ans
- Il est avant tout intéressant dans une logique de transmission structurée et patrimoniale
Mais si vous avez déjà alimenté vos contrats d’assurance-vie ou si vous cherchez une alternative complémentaire, le contrat de capitalisation est un vrai levier à explorer. Encore méconnu, mais diablement efficace quand on sait l’utiliser.
L’investissement en groupement forestier (GFF)
Transmettre une maison, une assurance-vie ou un portefeuille boursier, d’accord. Mais et si vous transmettiez… une forêt ? Oui, littéralement. C’est ce que permet le Groupement Forestier (GFF), un véhicule d’investissement qui allie diversification patrimoniale, fiscalité adoucie et intérêt écologique. Rien que ça.
Le principe :
Un GFF est une société civile qui détient et gère des massifs forestiers. Elle perçoit des revenus issus des coupes de bois (durables), éventuellement de la location (chasse, loisirs), et répartit les bénéfices entre les associés. En investissant dans un GFF, vous devenez propriétaire de parts de forêts exploitées avec une gestion durable encadrée par l’État.
Et maintenant le point crucial pour nous : la fiscalité sur la transmission.
L’argument choc : 75 % d’exonération de droits de succession et de donation
Oui, tu as bien lu. Lorsque vous donnez ou léguez des parts de GFF, seulement 25 % de leur valeur est imposable. Et sans plafond. Que vous transmettiez 50 000 € ou 2 millions en parts de forêt, le mécanisme reste le même.
👉 Contrairement à l’assurance-vie ou aux abattements classiques, cette niche n’a pas de limite d’âge.
Pourquoi ça existe ?
Pour encourager la gestion durable des forêts françaises. En échange de cet avantage fiscal, le GFF s’engage à respecter une charte de gestion forestière pendant au moins 30 ans. Un engagement écologique qui, disons-le, a du sens dans un monde qui surchauffe.
Exemple (véridique) :
Claire possède 400 000 € de parts de GFF. Elle souhaite les transmettre à ses deux enfants. Grâce à l’exonération de 75 %, seulement 100 000 € entrent dans l’assiette taxable. Ensuite, elle applique l’abattement classique de 100 000 € par enfant. Résultat ? zéro euro de droits à payer. Et ses enfants deviennent co-propriétaires d’un actif tangible et vivant.
Bon à savoir :
- Pour profiter de l’exonération immédiate, les parts doivent être souscrites (et non achetées d’occasion)
- Si elles sont achetées sur le marché secondaire, un délai de détention de 2 ans est requis avant transmission
- Les parts sont moins liquides qu’un livret A ou une action cotée. C’est un investissement long terme, clairement
Mais honnêtement, transmettre une forêt à ses enfants, ce n’est pas juste fiscalement astucieux… c’est aussi une manière poétique de semer quelque chose pour les générations futures. Et ça, le fisc ne le taxe pas.
Cas pratique : comment un couple de 75 ans peut transmettre 300 000 € sans droit
Thérèse et Michel ont respectivement 75 et 77 ans. Ils ont deux enfants adultes, Antoine et Camille, et souhaitent leur transmettre une partie de leur patrimoine maintenant, sans attendre leur succession. Leur objectif : anticiper intelligemment, sans se priver, et surtout, sans payer de droits inutiles.
Ils disposent d’un patrimoine financier réparti comme suit :
- 120 000 € en liquidités sur des comptes bancaires
- 180 000 € sur une assurance-vie alimentée avant 70 ans
- Un bien immobilier estimé à 280 000 €, qu’ils occupent encore
Voici comment ils peuvent transmettre 300 000 € sans droits :
- Dons familiaux de sommes d’argent (avant 80 ans) :
Thérèse et Michel donnent chacun 31 865 € à leurs deux enfants → 127 460 € transmis en exonération totale. - Assurance-vie souscrite avant 70 ans :
Chaque enfant est désigné bénéficiaire à hauteur de 90 000 €. Grâce à l’abattement de 152 500 € par bénéficiaire, aucun droit de succession ne sera dû au décès. - Démembrement du bien immobilier :
Le couple transmet la nue-propriété du bien à Antoine et Camille, en conservant l’usufruit.
À leur âge, la nue-propriété est estimée à 70 % → soit 196 000 €.
Réparti entre les deux enfants = 98 000 € chacun.
Grâce à l’abattement de 100 000 € par parent et par enfant, aucun droit de donation n’est dû.
👉 Résultat : en combinant les bons outils, Thérèse et Michel auront transmis près de 300 000 € à leurs enfants sans aucun droit à payer, tout en conservant l’usage de leur maison et une partie de leur épargne.
Et la cerise sur le gâteau :
S’ils vivent encore 15 ans (ce qu’on leur souhaite !), ils pourront profiter à nouveau des abattements fiscaux, et donc transmettre encore davantage, sans avoir à passer par la case impôts.
Ce cas illustre bien une chose : la transmission, ça se construit. Ce n’est pas réservé aux ultra-riches. C’est une affaire d’organisation, de calendrier, et d’un peu de bon sens fiscal.
À éviter absolument : les erreurs classiques après 70 ans
Parfois, ce ne sont pas les décisions prises qui coûtent cher… mais celles qu’on ne prend pas. En matière de transmission après 70 ans, certaines erreurs sont fréquentes, et pourtant évitables. En voici quelques-unes, repérées chez des dizaines de familles que j’ai croisées ou accompagnées.
1. Attendre « le bon moment » (spoiler : il n’existe pas)
Beaucoup pensent qu’il vaut mieux attendre quelques années avant de donner, « au cas où ». Sauf que chaque année qui passe peut réduire l’intérêt fiscal d’une donation (notamment en nue-propriété), sans même parler de l’abattement sur les dons d’argent qui disparaît… à 80 ans pile.
2. Croire qu’il est « trop tard »
On l’a déjà dit, mais ça mérite d’être martelé : il n’est jamais trop tard pour agir. Même après 70 ans, il existe des leviers puissants, assurance-vie, capitalisation, démembrement, GFF… Le tout, c’est de les activer avec méthode.
3. Tout donner d’un coup, sans garder de marge
Transmettre, oui. Se démunir, non. Une erreur fréquente consiste à vouloir « tout régler maintenant » sans penser à son propre avenir. Mieux vaut planifier plusieurs donations espacées, ou utiliser des montages (comme le démembrement) pour garder la main sur ses revenus.
4. Négliger les conséquences sur l’égalité entre enfants
Un don fait à un seul enfant, sans équilibrage, peut créer des tensions à l’ouverture de la succession. Même si vous agissez de bonne foi, l’égalité perçue entre héritiers est souvent aussi importante que l’équité fiscale.
5. Oublier de déclarer les dons
Un oubli classique, notamment sur les dons manuels (en cash ou par virement). Pourtant, la déclaration est indispensable pour sécuriser la donation et faire valoir l’abattement. Bonne nouvelle : elle est rapide à faire (formulaire 2735) et sans frais.
Mini-checklist des bonnes pratiques :
- ✔️ Prévoir un « reste à vivre » suffisant avant de donner
- ✔️ Équilibrer les donations entre héritiers ou l’expliquer clairement
- ✔️ Garder une trace écrite et déclarer chaque don
- ✔️ Réfléchir aux options avec un notaire ou un conseiller patrimonial
Se poser les bonnes questions aujourd’hui, c’est éviter les conflits (et les impôts) demain. Pas besoin de tout maîtriser d’un coup, mais il faut, au minimum, savoir ce qu’on risque si on ne fait rien.
En résumé : après 70 ans, la transmission devient un art stratégique
Transmettre après 70 ans n’a rien d’impossible. Mais ça ne s’improvise pas. Ce n’est plus l’âge des grandes manœuvres fiscales à la volée : c’est le moment des choix fins, mesurés, bien pensés.
Voici un tableau récapitulatif pour y voir clair :
| Outil | Conditions | Avantage fiscal | Limites / Points de vigilance |
|---|---|---|---|
| Donation en nue-propriété | Jusqu’à 90 ans | Droits calculés sur la nue-propriété (abattements conservés) | Assiette taxable élevée si âge avancé, frais de notaire |
| Assurance-vie | Versements après 70 ans | Exonération des gains, abattement global de 30 500 € | Pas d’abattement par bénéficiaire après 70 ans |
| Don d’argent exonéré | Jusqu’à 80 ans | 31 865 € par bénéficiaire, en plus des abattements classiques | Doit être déclaré, réservé aux dons en numéraire |
| Contrat de capitalisation | Sans limite d’âge | Transmissible en nue-propriété, antériorité fiscale conservée | Moins connu, nécessite un accompagnement |
| Groupement forestier (GFF) | Sans limite d’âge | 75 % d’exonération sur la valeur transmise | Placement long terme, liquidité faible |
En somme, il ne s’agit plus de faire « un coup fiscal ». Il s’agit d’orchestrer une transmission fluide, respectueuse, équilibrée. Parfois en donnant un peu. Parfois en conservant l’usufruit. Parfois en choisissant de ne rien faire… pour l’instant.
Mais une chose est certaine : attendre sans rien planifier, c’est rarement la meilleure solution.
Et si on élargissait un peu la réflexion ? Transmettre, ce n’est pas qu’un chiffre ou un bien. C’est aussi une façon de voir le monde, un héritage de valeurs. Ce que vous choisissez de faire, ou de ne pas faire, avec votre patrimoine raconte déjà quelque chose de vous.
Alors posez-vous cette question toute simple : qu’est-ce que j’ai vraiment envie de transmettre ?




