Un soir, Tashi (Zendaya), une jeune championne de tennis, se retrouve dans la chambre d’hôtel de Patrick (Josh O’Connor) et Art (Mike Faist), deux garçons qu’elle rencontre lors d’une soirée. Sa présence imprévue dans la pièce crée un courant électrique. Elle flirte, taquine et interroge ces derniers sur leur relation. Est-ce vraiment platonique ? Une intuition confirmée par une première approche audacieuse. Elle les attire sur le lit et les regarde s’embrasser avec un sourire satisfait. Cette scène de séduction aurait pu être un tournant majeur dans « Challengers », le nouveau film de Luca Guadagnino (connu pour « Call Me By Your Name »), voire la concrétisation de ce ménage à trois entre génies du tennis. Cependant, les personnages ne font qu’effleurer l’extase, conscients du potentiel destructeur de la passion sur leur discipline de champions.
Challengers : un jeu de contraintes et de limites
Challengers joue avec les contraintes et les limites. Le film nous donne un aperçu de l’intimité pour ensuite nous en priver : les trajectoires de Patrick, Art et Tashi se croisent au fil des matchs de tennis et des années. Luca Guadagnino, un brin pervers ? « Je suis un voyeur, comme tous les cinéastes que j’aime », a-t-il admis au New Yorker, citant Catherine Breillat et Ida Lupino comme exemples. En plus de 20 ans de carrière, le réalisateur italien a pour mission de dépeindre le désir (re)naissant.
Luca Guadagnino et la sensualité
La sensualité est au cœur de l’œuvre de Guadagnino. Elle naît d’un rapport érotique à la nourriture, comme d’une symbiose avec la nature. Dans « Io sono l’Amore » (« Je suis l’Amour », 2009), Emma (Tilda Swinton), épouse d’un aristocrate italien, tombe sous le charme d’un cuisinier, ce qui donne lieu à une scène où la jeune femme savoure un plat de crevettes préparé par son amant avec un plaisir indéniable.
La sensualité partout
Chez Guadagnino, la sensualité est omniprésente, que ce soit dans le rapport érotique à la nourriture ou dans la symbiose avec la nature, comme l’éclosion d’une fleur comme métaphore de l’orgasme ou la communion du corps avec tous les éléments. « A Bigger Splash », un remake de « La Piscine » de Jacques Deray, ressemble à un tableau de Hockney : Dakota Johnson plongée dans l’eau bleu azur, les corps de Tilda Swinton et Matthias Schoenaerts baignés de soleil.
Call Me By Your Name et la découverte de la sexualité
Dans « Call Me By Your Name », la découverte de la sexualité d’Elio (Timothée Chalamet) se fait au cours d’un été dans la campagne italienne. Le temps des déjeuners interminables, des promenades à vélo et des baignades au clair de lune. Cependant, l’hédonisme se vit dans un cadre spatial et temporel bien défini, comme les murs d’une villa ou la parenthèse des vacances, et ne peut échapper à la réalité des conventions sociales ou familiales. L’insouciance d’Elio prend fin quand il doit faire son coming out à son père.
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