Remise en question du rôle traditionnel des premières dames
Un certain nombre de personnes trouvent injuste que ces « épouses de » accèdent à un rôle majeur sans avoir été élues. D’autres sont d’avis qu’elles devraient pouvoir poursuivre leur propre carrière sans nécessairement se sacrifier pour celle de leur mari.
Beatriz Gutiérrez Müller, écrivaine et épouse de l’actuel président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador, est l’une des premières à avoir critiqué ouvertement ce rôle, qu’elle juge élitiste. Sa déclaration à la BBC selon laquelle « nous sommes toutes des femmes, nous faisons toutes quelque chose d’important » et qu’il n’y a ni femmes ni hommes « secondaires » a fait grand bruit.
Des premières dames aux positions progressistes
Beatriz Gutiérrez Müller a conseillé Irina Karamanos, première dame chilienne, lorsque son compagnon Gabriel Boric est devenu le plus jeune président du Chili en 2022. Karamanos avait un bureau au sein du palais présidentiel, une équipe dédiée et présidait six fondations.
Cependant, face à des doutes quant à la légitimité de son pouvoir et considérant qu’il était antidémocratique d’avoir une telle influence sans avoir été élue, elle a démissionné en décembre 2022. Karamanos a ainsi laissé un héritage au Chili : il n’y aura plus de bureau pour un futur partenaire présidentiel et elle a mis fin au rôle institutionnel de Première dame.
De son côté, Rosângela da Silva, surnommée Janja et épouse du président brésilien Lula, a affirmé son intention de révolutionner le rôle de première dame dès le début de la campagne présidentielle de 2022. Plutôt que de se conformer au stéréotype de « l’épouse qui organise des thés de charité et des visites philanthropiques », elle préfère se concentrer sur les politiques publiques.
Participation à un mouvement féministe plus large
Chacune à leur manière, ces premières dames participent à l’essor du féminisme en Amérique latine. Dans une région du monde réputée pour son machisme, l’universitaire guatémaltèque Marcio Palacios a déclaré à L’Express, que la population latino-américaine croit au concept de la femme plus disciplinée, plus engagée, possédant les qualités politiques que l’homme n’a pas su démontrer pendant son mandat.