Connaissez-vous l’histoire fascinante de Clémentine Delait, la tenancière de café à Thaon-les-Vosges qui est devenue une célébrité grâce à sa barbe ? Cette femme au parcours hors du commun a su transformer ses angoisses en atout majeur, gagnant l’affection et l’admiration de ses compatriotes. Atteinte d’hypertrichose, une maladie qui favorise une pilosité abondante, elle a fait le choix audacieux de ne plus se raser et d’assumer sa barbe, défiant ainsi les préjugés de la France rurale du début du XXe siècle. Sa vie a largement inspiré le film « Rosalie », réalisé par Stéphanie Di Gusto et sorti en salles le 10 avril dernier. Découvrons ensemble l’histoire de cette femme incroyable.
Un parcours marqué par l’apparition d’une barbe
Clémentine Delait est née en 1865. Elle racontait dans son journal intime, découvert en 2005, comment un duvet avait commencé à pousser autour de ses lèvres lorsqu’elle avait atteint la majorité. « Ma jeunesse fut celle de toutes les filles de la campagne, rude et laborieuse, mais à 18 ans ma lèvre supérieure s’agrémentait déjà d’un duvet prometteur qui soulignait agréablement mon teint de brune », écrivait-elle dans des propos rapportés par le Républicain Lorrain. Pendant près de 20 ans, elle a tenté de cacher sa pilosité par le rasage, jusqu’à ce qu’une représentation de cirque en 1901 transforme sa vie.
L’audace de la différence
Après avoir assisté à un spectacle où les femmes à barbe étaient exhibées comme des « monstres », Clémentine a pris la décision audacieuse de laisser pousser sa barbe. Un client de son café l’avait défié de le faire, promettant en échange l’équivalent de 5 000 euros d’aujourd’hui. La curiosité des clients a rapidement augmenté et son café a commencé à se remplir de personnes venues voir « la femme à barbe ».
Clémentine a rapidement compris comment tirer parti de sa singularité. Elle a posé pour des séances photo et a créé une série de cartes postales à son effigie qui ont connu un grand succès. Elle a même obtenu une autorisation pour porter des pantalons, une pratique strictement interdite aux femmes à l’époque.
Plus qu’une simple curiosité
Pendant la Première Guerre mondiale, Clémentine rejoint la Croix-Rouge et devient une figure emblématique pour les Poilus. Avec son mari, elle adopte une fille, Fernande, orpheline de guerre. Malgré sa notoriété grandissante, elle a toujours refusé de se considérer comme une simple curiosité. Elle a même décliné une offre de trois millions de francs de Phineas Taylor Barnum, célèbre directeur de cirque, qui voulait l’engager dans sa compagnie.
Véritable symbole de liberté et d’audace, Clémentine Delait a su renverser les préjugés et transformer sa différence en force. Elle restera à jamais dans les mémoires comme une femme extraordinaire qui a su affirmer son identité envers et contre tout.
Source de l’article original : Jobba.com
Source de l’image à la une : Jobba.com
